Fanzine Baruffa – non abouti (2019)
En décembre 2019, j’avais envie de créer un nouveau fanzine en ligne après l’expérience de Focale Alternative Magazine. L’idée du fanzine Baruffa était née.
L’objectif de ce fanzine artistique était de le proposer en deux langues pour avoir une revue disponible en français et en italien. L’idée était d’aborder une culture brutale et engagée dans son graphisme ou sa politique. C’est en ce sens que le terme « Baruffa » a été choisi. « Baruffa » signifie en italien « Bagarre« .
Pour ce premier numéro, j’avais pris contact avec l’artiste belge Mathieu Van Assche dont j’apprécie énormément le travail. J’avais réalisé une interview autour de 19 questions. Je voulais absolument découvrir la naissance, la maturation et la réflexion autour de l’oeuvre. Mathieu Van Assche était d’accord de participer au projet et de toucher un public italien. Toutes les graines étaient mises en place pour que ce fanzine puisse naître.
Malheureusement, le COVID19 est passé par là. Le temps s’est allongé. Le projet est mort né.
Je vous mets, ci-dessous, les 19 questions de l’interview originale. La couverture du Baruffa a été construite à partir d’une photographe de Mathieu Van Assche.
- L’illustration couplée à la musique semble être le terreau qui a forgé ce que tu es aujourd’hui. Quel est l’impact de la musique sur ton travail et sur la naissance de l’artiste que tu es devenu ? En quoi le lien entre musique et créativité semble être une pierre angulaire de ton devenir dans la pulsion brute de ta photographie ?
- Ton travail illustratif se forge autour des fêtes populaires et païennes, du monde des masques, de toute une culture dessinée autour de la caricature, de la bande dessinée en te créant un monde fantasque à la Claude Ponti ou un clin d’oeil aux affiches de la culture “punk rock garage des années fin 80 début 90 à Seattle”. Lorsque je vois les différentes branches qui composent ton oeuvre, j’y vois un centre d’une grande curiosité personnelle. D’où te viennent ces passions diverses dans ton parcours ? Avec le recul, as-tu des souvenirs précis qui auraient forgé ton travail d’aujourd’hui ?
- Comme je le citais brièvement dans la question précédente, le détournement d’anciennes photographies ou de peintures classiques est clairement une forme caricaturale d’un regard que tu poses (même inconscient) sur la société mais pas que… De manière très personnelle, j’y vois également un humour à peine masqué et des dessins “totems” que tu prends plaisir à utiliser. Existe-t-il un moment conscient où tu plonges dans la caricature ? L’intellectualisation est-elle voulue ou bien est-ce l’apanage de ceux veulent essayer de s’approprier ton travail ?
- “Primitifs” est une série illustrative qui reconstruit des tableaux connus en utilisant des codes transversaux que l’on rencontre dans tes dessins et, sous certains aspects, dans ta photographie. De manière subjective, je trouve que l’angle caricatural de tes dessins devient réel car la caricature est renforcée par le réel des peintures. La réutilisation et la transformation amènent l’interrogation. Qu’en penses-tu ? Le choix des oeuvres originales cachent-elles quelque chose ou fais-tu confiance à ta fibre graphique pour choisir le terreau que tu vas utiliser au départ ? On sait également que certains peintres de la Renaissance aimaient cacher des messages dans certaines de leurs oeuvres. Est-ce une des bases qui a orienté ton travail ?
- Comme nous l’avons déjà cité, le thème des masques se retrouve dans tes illustrations, tes gravures et ta photographie. De manière très personnelle, j’ai envie de te dire “James Ensor sort de ce corps”. Existe-t-il un lien entre le peintre belge Ensor et ce thème privilégié des masques que tu transfères dans tes travaux ? Et puis entre nous, pourquoi cette “obsession” autour des masques ?
- Comment vois-tu ton travail illustratif évoluer d’ici quelques années ? Quel lien te semblerait-il essentiel de garder entre les esquisses des premières heures et le futur de ton univers ?
- Tu utilises différentes techniques dans ton travail illustratif allant du marqueur à la gravure sur des supports très différents. Y a-t-il un choix particulier réfléchi en amont ou te laisses-tu guider par ta pulsion créative ?
- Nous allons nous tourner vers ton travail photographique. Ton parcours dégage une certaine identité visuelle reconnaissable ainsi que les thèmes abordés qui sont en lien avec ton travail de graveur et d’illustrateur. Comment définirais-tu ta photographie ?
- Nous avons déjà parlé de nombreuses choses mais j’aurais voulu aborder avec toi un aspect que je trouve très important dans ton oeuvre : la spiritualité et les signes religieux. Du carnaval entre les croix d’une église ou les crânes en arrière plan d’une photographie, il est indéniable que cela t’inspire. En quoi cela t’inspire-t-il ? A ton avis, pourquoi cette attirance ?
- J’ai l’immense privilège d’avoir réussi à me procurer ton livre “Ramen”. Je pense que ce livre est important dans ton parcours photographique. Tu peux m’en dire un peu plus ? Une culture de l’image japonaise en ressort après la lecture. A ton avis, pourquoi le Japon exerce-t-il une telle fascination ? Pourquoi te sens-tu attirer par ce pays ? En quoi ce livre a-t-il été important dans ton devenir pour être le photographe que tu es aujourd’hui ?
- Avec “Ramen”, j’ai l’impression que les affinités visuelles se rapprochent plus d’un Fukase ou d’un Araki avec “Satchin” que de l’école “PROVOKE”. Avec le recul, quelle vision poses-tu sur “Ramen” ?
- Entre temps, tu as créé une petite maison d’édition du nom “Le Mulet” avec ton ami et collègue Simon Vansteenwinckel. Encore une fois, même dans le choix du nom, ce côté très second degré qui te caractérise est présent. Que peux-tu me dire sur ton partenariat avec Simon et en quoi “Le Mulet” est aujourd’hui une évidence dans ton parcours ?
- Avec “Le Mulet”, le livre 1010 South Station a vu le jour. Depuis fin 2019, c’est 1010 NOORDZEE qui a été enfanté d’une collaboration entre de nombreux photographes. Que peux-tu me dire sur ces deux projets ? A ton avis, quel angle photographique différent as-tu apporté à ces deux collaborations par rapport aux autres photographes présents ?
- Les éditions “Le Mulet” s’oriente vers des publications uniquement photographiques pour le moment. Y a-t-il un projet d’élargir le panel autour de l’illustration par exemple ? Quels sont les moments forts et les déceptions qui ont jalonné les premières années avec “Le Mulet” ?
- La série “S/Sauvage” est un travail que tu as réalisé avec trois autres photographes dont ton compagnon visuel Simon Vansteenwinckel. Que peux-tu me dire sur ce partenariat ? Comment s’est-il construit et en quoi cela semblait être une évidence de travailler ensemble autour de ce projet ?
- “S/Sauvage” a également contribué à confirmer l’attache visuel avec Simon Vansteenwinckel et Gil Barez tout en soutenant le projet naissant “Le Mulet”. “S/Sauvage” pourrait-être considéré comme la pierre angulaire de la naissance d’un trio de photographe qui a tout d’un collectif sans en avoir les désavantages. Qu’en penses-tu ? Comment vois-tu vos relations professionnelles passées, présentes et futures ?
- Le travail sur le carnaval sauvage de Bruxelles est vraiment un sujet qui va à merveille avec ton identité et l’ensemble de ton oeuvre. Entre les masques, les crânes, la liberté sans contraintes et le côté punk d’un tel évènement, je vois clairement le monde fantasque que tu affectionnes prendre naissance dans le monde réel. Comment vois-tu cette affirmation ? En quoi le carnaval sauvage t’a-t-il attiré ? Pourquoi te sens-tu proche de la philosophie de l’événement ?
- Pour le moment, tu travailles sur le projet photographique “TV Eye”. L’empreinte des masques et de la pop culture est encore confirmée avec l’arrivée de ce nouveau projet. Que peux-tu me dire sur “TV Eye” ? Qu’est-ce qu’il apporte de nouveau par rapport à ce que tu as déjà réalisé ?Depuis quelques mois, tu commences à te mettre en action autour du tirage lith. Je trouve que ce procédé est complètement dans l’évolution de ton oeuvre. On dit souvent que le lith est l’art du snatch. Le snatch étant le choix du moment auquel l’on retire le papier de la cuvette de révélateur. C’est un procédé délicat et punk à la fois. Que peux-tu me dire sur le lith et en quoi cela t’inspire-t-il ?